Forum des élèves de Polyphonies, école à distance d'écriture musicale et de composition.
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Bonjour Jean-Luc,
Comme vous avez pu vous en apercevoir au fil des corrections, la conception de la fugue m'a amené à me poser des questions (métaphysiques ?) sur la façon de déceler la réussite ou non d'une tonulation.
Aussi je profite du forum pour ouvrir une discussion là-dessus basée sur quelques exemples.
Voici tout d'abord la version du dernier divertissement du premier développement sur laquelle vous avez été amené à faire des corrections.
La solution que j'avais trouvée pour arriver en la mineur mesure 17 était ambigüe puisque la sensible n'était pas mise en valeur. L'accord au posé pouvait être analysé comme VIIa de la mineur mais aussi Va du relatif majeur do M. Pour essayer de "gérer" les degrés 6 et 7 sans 2M+, J'avais initialement mis à partir du 2ème temps de la mesure 16 à la basse fa#, mi bécarre, ré, do, si et à la voix supérieure la do ré mi bécarre ré mi bécarre fa# sol# sol#. Or cela sonnait très mal à l'écoute et en aucun cas dans le style de Bach. La solution de l'image ci-dessus était quant à elle "écoutable" et ce malgré la fausse relation sol sol # mesure 17 qui ne vous avait pas échappée
Vous m'avez ensuite suggéré de tonuler vers la mineur au posé de la mesure 16 avec mi à la basse sur V7. J'en étais d'abord surpris car je n'avais pas adopté cette solution à cause de la présence du si bémol voix intermédiaire au 3ème temps de la mesure 15 et le risque d'avoir un si bécarre au posé de la mesure 16, note que j'ai finalement évité en plaçant mi ré et sol #de ce V7 comme on le voit ci-dessous.
Et le rendu sonore a été excellent ... alors que je ne l'aurait pas parié et que j'étais longtemps resté bloqué sur cette strette.
En approfondissant mes recherches je me suis rendu compte que Bach tonulait dans sa fugue (support du cours) de sol m vers la m (VI Va) avec sol bécarre ET si bémol sur l'accord VI en sol m d'une part, sol # ET si bécarre sur l'accord Va en la m sans que cette "double confrontation" entre notes naturelles et altérées ne choque du tout (malgré la fausse relation sol sol #). Au contraire cette tonulation est extrêmement raffinée.
En regardant d'autres fugues du clavier bien tempéré, je me suis rendu compte que cet exemple n'était pas le seul comme on le voit ci-dessous mesures 45/46 de la cinquième fugue BWV874 du second livre.
J'en reviens donc à ma question initiale : comment déceler la réussite ou non d'une tonulation et, pour aller plus loin dans notre apprentissage, s'approprier (une peu) plus avant les subtilités du langage de Bach ?
Pascal
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Cela demande d'abord une bonne expérience qui vient grâce aux analyses et aux travaux pratiques nombreux.Les cours à suivre, avec des structures moins contraignantes que la fugue, vous permettront de progresser de ce point de vue. Le conseil que je vous donnerais pour l'instant est de placer la tonulation à l'endroit où elle convient le mieux dans la polyphonie mais pas nécessairement chercher à arriver sur tel ou tel ton à un endroit précis (hormis lorsque la structure l'impose).
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Merci Jean-Luc pour votre réponse
J'ai donc hâte de voir d'autres cas pratiques dans les cours suivants
Pourriez vous toutefois nous donner quelques clés sur la façon dont Bach procède quant à la liberté prise avec les fausses relations dans les exemples illustrés ci-dessus ?
Bien à vous
Pascal
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En fait je pense qu'il n'y a pas de fausse relation car le sol et le sol# proches ne font pas partie de la même tonalité, la fausse relation vaut surtout dans les tonalités mineures même si elle est souvent malheureuse dans certains cas.
Dans le deuxième exemple on à V de LaM enchainé avec VIIa de RéM, soit en fait un enchaînement de dominante, la tierce de l'un descendant d'un demi ton pour devenir la septième du suivant (on peut considérer ici le sol comme étant septième de V en réM).
D'ailleurs on voit que le processus continue avec le Do # qui devient bécarre de la même façon on a là une descente en quarte de dominante que n'aurait pas renié un bon jazzman
Voilà pour ce cas là,
si l'harmonie est clairement énoncé la fausse relation passe mieux.
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Merci pour ces observations intéressantes turbo chaussure
La relation entre les notes caractéristiques de deux tonalités doit être bien contrôlée d'un point de mélodique. Dans le premier exemple de Bach, regardez la progression de sol et sib: le sol# arrive dans une progression par demi-tons: fa# sol sol#. Cette manière de procéder passe forcément bien. On retrouve la consigne du continu-conjoint que je serine à tous à longueur d'exercices . Cette progression mélodique permet d'arriver sans accroc dans n'importe quelle tonalité. L'arrivée du si bécarre se produit alors qu'il y avait un sib à la même hauteur dans la pulsation précédente. Ici aussi, la tonulation passe très facilement sans qu'il y ait perception de fausse relation. Dans le second exemple de Bach, le passage du sol# au sol se fait de manière identique
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