Je suis très heureux de la création de cet espace dédié aux élèves de POLYPHONIES. J’espère qu’il va s’enrichir par l’apport personnel de chacun de nous, par des débats et des discussions diverses, et pourquoi pas des collaborations dans le domaine de la création et de la production ! Je vous propose un bref commentaire du prélude de « La chevauchée des Walkyries » ; opéra en trois actes, extrait de la Tétralogie de Richard Wagner (1813 -1883). J’espère que mon commentaire pourra vous aider à comprendre et « déguster » comme je l’ai fait moi-même cette œuvre formidable. Lire l’article
La première représentation de « la Walkyrie » à eu lieu à Munich le 26 juin 1870 sous la direction de Franz Wullner. Le livret est écrit par Wagner lui-même, s’inspirant pour cela des légendes scandinaves et germanique, et en particulier celle appellée « la chanson des Nibelungen »..
Deux thèmes principaux exposent dans ce prélude les antagonismes entre Pouvoir et Amour, Dieux et Hommes. Les dieux et les hommes se rapprochent mutuellement, mais l’homme pourtant se révolte contre eux ; c’est le stade de l’individualité. Le motif musical qui se répète durant toute la confrontation, représente l’annonce de la mort et augure une fin tragique. C’est l’apogée du drame musical. Wagner a illustré par sa musique la philosophie de Schopenhauer et a influencé profondément Nietzsche.
La forme générale du prélude se divise en deux grandes parties avec reprises, schématisées ainsi : A>B>A>Final
- PARTIE A (0-2’22’’) :
Après les introductions successives des instruments de l’orchestre (0-23’’), le thème principal (24’’) composé d’un seul schème¹, est répété plusieurs fois sur d’autres degrés par des sauts de tierces. Ce thème est joué par les cuivres (trompettes et trombones). Une grande puissance et une forte assurance s’en dégagent, accentuées par les arpèges² rapides ascendants et descendants des violons. Le cors aussi ajoutent à l’impression d’une marche militaire, malgré son rythme ¾ très caractéristique. Le thème est repris sur plusieurs degrés en changent de tonalité, ce qui symbolise à mon avis l’homme entier en voie de progression vers le surhomme.
- PARTIE B (2’23’’-3’20’’) :
Le tutti orchestral exprime la chute des dieux par des mouvements très dynamiques descendants mis en relief par la puissante expression des instruments de percussions (Timbales et Cymbales).
- REPRISE DE LA PARTIE A (3’21’’5’18’’) : On sent que le combat n’est pas encore gagné. Mais la reprise du thème joué par tout l’orchestre à l’unisson (4’02’’) est prometteur. La chute des dieux cette fois ci est irréversible (5’03’’), et l’ascension de l’homme est la dernière phrase musicale. (5’09’’-5’18’’). Ainsi prend fin le combat.
En matière d’harmonie et d’instrumentation, son apport est incontestable . Son harmonie fonctionnelle et très modulante est élargie de chromatismes. Ses transitions souvent sans préparation lui font devancer de loin ses contemporains classiques et romantiques qui utilisent encore souvent des cadences stéréotypées pour conclusions.
Son exploitation des immenses ressources de l’orchestre ( richesse des teintes et des atmosphères, sensualité, plasticité, somptuosité et intimité) lui permet une diversité d’expression exceptionnelle. Elle est accrue encore par l’élargissement de la palette sonore dans tout les registres et les couleurs.
Il ne faut pas oublier que Wagner à étudié sérieusement le traité d’orchestration de Berlioz, et qu’il était influencé par les poèmes symphoniques de son beau-père Liszt !
Enfin, on ne peut pas rester insensible à la simplicité de la forme. Les leitmotivs³ psychologiques (ainsi Wagner les nomment-ils) donnent une grande unité à son œuvre. Avec ce Prélude de « la Chevauchée des Walkyries » et avec ses sonorités d’une noble beauté, cet opéra est, de toute la Tétralogie, celle que j’ai le plus aimé.
Je vous souhaite une savoureuse écoute et @ la prochaine. ....... Musicalement Salim.
1 : « Schème » : cellule mélodico rythmique faite de deux notes d’une tierce.
2 : « Arpèges » : émissions successives du grave vers l’aigu (ou inversement) des notes d’un accord.
3 : « Leitmotiv » : mot allemand signifie « motif conducteur », c’est un thème musical attaché un personnage ou une situation dramatique utilisé dans les opéras, les symphonies et même au cinéma.