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Dans cette série d’harmonie, nous reprenons les exercices du cours 17 et devons chromatiser des notes dans les accords. Nous transformons ainsi ces accords diatoniques en accords chromatiques.
En insérant des altérations, nous ne devons pas obtenir une tonulation ou une modulation. Il ne doit pas y avoir d’ambiguïté. Si l’analyse diatonique d’un accord est possible, il n’est pas chromatique. En effet, c’est toujours l’analyse la plus simple qui prévaut car c’est elle que l’on perçoit à l’écoute. Il faut donc éviter que des accords chromatisés soient de fait des accords appartenant à d’autres tonalités.
Pour vérifier qu’un accord est chromatique, il suffit de rechercher les tierces ou les sixtes. S’il y en a une qui est chromatique dans l’accord, celui-ci est obligatoirement chromatique. Aucun accord à 3 ou 4 sons ne comporte en effet de tierce ou sixte chromatiques.
Résolution de la note chromatique
Le chromatisme est une technique mélodique en harmonie comme la résolution de la 7ème. Si quatre instruments aux timbres différents jouaient l’exercice, la note chromatique et sa résolution devraient l’être par le même instrument sinon on percevrait pas de résolution. Il faut donc procéder de la même manière qu’en cheminement. La note chromatique doit être résolue sur une seconde mineure, c’est-à-dire être distante d’un demi-ton et avoir un nom différent de celle sur laquelle elle se résout (ex : fa#-sol et non solb-sol).
N’oubliez pas d’indiquer la fonction mélodique de la note chromatique et donc son message. On notera que l’on ne peut pas chromatiser une anticipation, la note chromatique devant se résoudre sur une seconde mineure.
Note chromatique redoublée
Il est préférable d’éviter de chromatiser une note redoublée dans l’accord. En effet, les deux devraient l’être et se résoudre sur la même note. Il y aurait alors un parallélisme d’octaves. Dans le cas particulier où l’accord est suivi d’un accord sur le même degré, le problème de double résolution peut être évité.
Accords sur le même degré avec chromatisme
S’il y a une succession d’accords sur le même degré, on peut chromatiser la même note dans chacun des accords et la résoudre uniquement à la fin. On applique alors le même principe qu’avec les accords 7.
Voici la réalisation de l’exercice n°5 en lab majeur de la série a :
Dans ces séries, nous essayerons de placer le plus de notes chromatiques possibles. Force est de constater qu’il y a parfois peu de possibilité de chromatismes réels comme dans cet exercice. Il y en avait quatre :
Le premier est une note de passage : sibb est résolu sur lab. Cet accord est obligatoirement chromatique car il comporte une tierce mineure diminuée, sol-sibb et une tierce majeure augmentée, sibb-ré.
Nous avons ensuite une appogiature chromatique. En chromatisant sib à l’aide d’un bécarre, la note de passage devient une appogiature puisqu’elle n’est plus préparée. La sixte majeure augmentée réb-si nous permet d’affirmer que l’accord est chromatique.
Mibb est une note de passage. L’accord comporte une sixte majeure augmentée mibb-do.
Fa# est une appogiature chromatique. L’accord comporte une tierce majeure augmentée réb-fa#.
Aspect sonore des accords chromatiques
Dans ces séries d’exercices, nous avons mis l’accent principalement sur la compréhension du mécanisme. En systématisant cette recherche de chromatismes, le résultat sonore passe nécessairement au second plan. On constatera que certains accords ne donnent pas un résultat sonore très heureux. Nous y reviendrons sur les accords chromatiques en composition et notre exigence sera tout autre.
Errata : Une petite erreur à signaler : dans le cours 19, page 11, l’accord II7a Ré-fa-lab-do est présenté comme chromatique ce qui n’est pas le cas puisqu’il correspond à l’accord II7a de DO mineur.
Voir aussi l’article de Paulo Amorin "Chromatiser un accord dans une tonalité donnée"