Exercices de composition : distance avec le modèle étudié
"Dans les exercices de composition, j’éprouve encore des difficultés à savoir exactement ce qu’il faut suivre à la lettre ou pas de la pièce qui nous sert d’exemple... ?"
L’objectif de nos exercices de composition consiste essentiellement à apprendre à manier les structures formelles et thématiques d’une composition et plus particulièrement à élaborer un discours musical à partir du matériau thématique, schèmes ou thèmes, exposé initialement. On doit retrouver les structures de la pièce étudiée mais il n’est pas nécessaire qu’elles soient identiques.
Quelle est donc votre marge de manœuvre lorsque vous élaborez votre votre composition ?
Avant tout, il faut respecter les structures formelles de la pièce : exposition, commentaires, divertissements, codas, conclusions... On doit donc les retrouver dans votre pièce. Celles-ci doivent être conçues avec le même nombre de mesures.
Il importe également de conserver la structure des développements, comme par exemple le nombre d’imitations dans un divertissement ou un commentaire, tout en disposant d’une certaine marge de manœuvre. Concrètement, si un développement consiste en quatre imitations mélodiques, votre développement doit également être formé de quatre imitations mélodiques. Vous choisissez l’intervalle d’imitation qui convient le mieux ainsi que le type d’imitation (semblable, contraire..) en fonction de vos propres éléments thématiques. Les mouvements mélodiques de vos phrases sont libres. Il vous appartient de les élaborer d’une manière logique.
La pulsation sera la même tout au moins jusqu’au cours 57. Dans certaines pièces, la mesure peut être différente. Le choix des figures métriques des schèmes est libre. Toutefois, dans les suites de danses, les figures métriques doivent être en accord avec la rythmique de la danse étudiée. Concernant le choix des intervalles de vos schèmes, analysez attentivement ce que deviennent ces schèmes dans la suite de la pièce. Un schème qui sera omniprésent dans la pièce ne devra pas comporter d’intervalles trop difficiles.
Analysez les grands rythmes mélodiques de l’œuvre étudiée et veillez à ce que ceux de votre pièce soit tout aussi cohérents. Ils peuvent être différents car ils dépendent des thèmes ou du sujet que vous aurez exposés. Par contre, les sommets expressifs et mélodiques doivent être situés à peu près au même endroit. Il est important en effet de savoir amener un sommet à un moment bien précis dans une composition.
Suivez bien le parcours tonal de la pièce étudiée. Suivre le parcours tonal consiste à respecter le choix et l’ordre des modes et tonalités. Les tonulations ou modulations s’effectueront à peu près au même endroit mais c’est à partir de vos lignes mélodiques que vous déterminerez le meilleur endroit pour amener la tonulation ou modulations. Il peut donc y avoir parfois un petit décalage avec le modèle. Le choix de vos harmonies est libre. Mais je vous conseille de privilégier le plus possible les articulations cadentielles.
Au fur et à mesure de votre progression, nous prendrons peu à peu une certaine distance avec la pièce étudiée pour n’en retenir que sa grande forme. D’ailleurs, les derniers exercices de composition seront très libres de ce point de vue. Mais dans la première partie du cycle de composition, nous en sommes encore à la phase de découverte de ces techniques de composition.
DATE DE CRÉATION DE L’ARTICLE : 11 juin 2015
article publié le mercredi 26 août 2020 et lu 5869 fois.
Jean-Luc KUCZYNSKI est compositeur et professeur de composition musicale depuis 1988 aux ACM et depuis 1999 à l’école d’écriture et de composition Polyphonies.
Vous avez aimé cet article ? Alors partagez-le avec vos amis !
Articles les plus lus de Jean-Luc KUCZYNSKI
Chiffrages et notation des accords (I). Les chiffrages américains
Toute musique basée sur la tonalité et les modes, qu’elle soit classique, jazz, chanson ou autre dispose des même sept accords. Leur structure est relativement simple et strictement identique dans toutes les musiques. Toutefois, leurs chiffrages ou leurs notations différent et peuvent sembler parfois d’un abord complexe. Dans cette petite mise point, nous nous intéresserons d’abord aux chiffrages américains, utilisés en jazz et en musique de variété puis au prochain article, au chiffrage classique de la basse continue.
Article
Dans Comme par exemple • le 20 mars 2013 • 206103 lectures
Enseignement de l’harmonie : marche harmonique, sixte napolitaine, accords altérés et accords de neuvième.
Lors de mes études d’harmonie en France et en Allemagne, il a été fait mention de sujets que vous ne semblez pas aborder en harmonie. Je veux parler entre autres des marches harmoniques, des sixtes altérées comme la sixte napolitaine ou bien des accords de 9èmes. Tous ces éléments étaient considérés comme importants - ou du moins inhérents à l’étude de l’harmonie, allons nous les étudier durant notre formation ?
Lire la réponse
Article
Dans Bonne question ! • le 9 juin 2006 • 30643 lectures
Introduction à l’analyse : la forme musicale (III)
Avec ce troisième article, nous pénétrons enfin pleinement dans l’analyse musicale. L’harmonie que nous avons abordé dans les deux articles précédents en fait partie mais n’est qu’un élément de cette recherche. Nous allons donc aborder maintenant l’étude de la forme musicale, à savoir comment ce thème de dix huit mesures, extrait du premier mouvement de la sonate K331 pour piano de Mozart, a été élaboré.
Article
Dans Comme par exemple • le 15 octobre 2015 • 62784 lectures
Tonalité, modes et atonalité
En réalisant nos premiers exercices sur le mode, certains élèves font parfois un raccourci erroné. A partir de l’armature de l’exercice, ils déduisent simultanément le mode et la tonalité affirmant par exemple qu’un exercice dont l’armature comporte un # à la clé, est en sol majeur. Or, l’armature indique la tonalité et non le mode. D’autres éléments musicaux sont nécessaires en effet pour le définir. Avec la seule armature comme indication, un # à la clé par exemple, nous pouvons simplement affirmer que nous sommes en tonalité de sol mais surtout pas que la tonalité est sol majeur. Un petit point sur ces deux notions, mode et tonalité, sera à mon avis source d’éclaircissement. Ce sera aussi l’occasion pour nous d’aborder la notion d’atonalité. Lire la réponse
Article
Dans Bonne question ! • le 4 mars 2008 • 29628 lectures
Chiffrages et notation des accords (II). Basse continue et basse chiffrée
Après avoir abordé les chiffrages américains, nous abordons un autre système de notation des accords également destiné aux instrumentistes : la basse continue qui est devenue la basse chiffrée. Il est intéressant de comprendre son principe car cette technique d’écriture a généré le chiffrage qui a cours dans les traités d’harmonie classique.
Article
Dans Comme par exemple • le 7 août 2013 • 73838 lectures