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Articulations harmoniques cadentielles

"Qu’est ce qu’une articulation harmonique ? Les cadences plagales, sous plagales, rompues ou imparfaites conviennent t-elles ? Suffit-il d’avoir de part et d’autre de la barre de mesure des accords différents et "cadentiels", mais qu’est-ce qu’un accord cadentiel tout seul ?"

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Une petite précision pour commencer. Un accord n’est pas cadentiel en lui-même. C’est l’enchaînement de deux accords qui peut l’être.

Une articulation harmonique est un changement de degré d’accord. Elle se situe généralement de part et d’autre de mesure, lieu musicalement important en raison de son retour régulier, au rythme des mesures. Il y a donc en théorie un changement de degré après chaque barre de mesure.

Il peut y avoir bien sûr des articulations harmoniques au sein de la mesure, mais en composition, ces articulations sont moins importantes que celles situées de part et d’autre de la barre. A noter qu’il n’y a souvent aucune articulation harmonique lors des incises. On peut rester en effet sur un même degré harmonique plusieurs mesures.

Les cadences furent la clé de voûte de l’expression musicale durant toute la période allant de Bach à Wagner, période qui correspond au « langage classique ». Il faut attendre en effet Chopin et surtout Debussy pour qu’elles perdent leur rôle prédominant dans le discours musical. Ces compositeurs mirent en avant d’autres articulations harmoniques qui n’étaient pas nécessairement cadentielles.

Nous étudions pour l’instant un langage qui est encore classique et il faut donc privilégier les cadences dans nos articulations harmoniques. Dans ces premiers cours de composition comme dans les exercices de schème et contre-schème, il est donc important de porter une grande attention à ces articulations. De part et d’autre de la barre de mesure, on veillera à ce que les notes de basse soient différentes et qu’il y ait des degrés d’accords différents. On privilégiera le plus possible les enchaînements cadentiels (articulation cadentielle). La cadence parfaite avec les degrés V ou VII est la plus intéressante mais la cadence imparfaite et la cadence rompue ont également leur intérêt. La cadence plagale est peu expressive mais peut parfois convenir. La cadence sous-plagale est trop peu cadentielle pour une articulation harmonique.

Le plus bel exemple d’articulation harmonique cadentielle classique est la coda cadence. Le degré V précède la barre de mesure et l’accord tonique lui succède. On peut aussi citer le thème dont les deux articulations harmoniques, antécédent et conséquent, se répondent en jouant sur les cadences.

On peut aussi porter attention à certains mouvements mélodiques et aux notes valorisées dans les articulations harmoniques qui nous intéressent. L’équilibre A et le déséquilibre B que nous avons étudiés en mélodie vont être d’un grand intérêt. Ce n’est pas une règle mais une constatation que j’ai faite en étudiant bon nombres d’œuvres classiques. Lors d’une articulation harmonique, les notes non pivot en B sont attirées naturellement vers la note pivot la plus proche. En do majeur par exemple, si et ré vers do, fa et ré vers mi, la et fa vers sol. Ces mouvements ont généralement un intérêt mélodique certain lors des articulations harmoniques.

    Jean-Luc KUCZYNSKI
    Jean-Luc KUCZYNSKI est compositeur et professeur de composition musicale depuis 1988 aux ACM et depuis 1999 à l’école d’écriture et de composition Polyphonies.
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