Avant Lassus et Palestrina, Josquin des Prés (ou Desprez) fut considéré comme le plus grand musicien de son temps. Complètement oublié ensuite, il ne fut redécouvert qu’au XIXe siècle. Maître incontesté du contrepoint, tout en sachant allier à merveille l’émotion et la science architecturale, Josquin des Prés est un précurseur de génie : héritier de tout le XVe siècle, il est le premier grand musicien de la Renaissance. Nouvelle fiche de votre lexique, élèves de Polyphonies... Lire article
Sa vie est fort mal connue ; les renseignements biographiques le concernant sont peu nombreux et incertains.
Entre 1440 et 1450 (selon les hypothèses) : Josquin (ou Jossequin) Lebloitte "dit Desprez" naît, sans doute dans le Vermandois, peut-être près de la source de l’Escaut (village de Beaurevoir ?). Josquin reçoit sa formation d’enfant de choeur à la collégiale de Saint-Quentin.
Entre 1475 et 1478 (à environ 30 ans) : Josquin est chanteur dans la chapelle de René Ier d’Anjou (1409-1480) à Aix-en-Provence.
En 1478-79 (environ 33 ans) : Josquin entre à la chapelle d’Ascanio Sforza, membre de la famille régnante à Milan (frère du duc assassiné Galeazzo Maria Sforza). Il y restera jusqu’en 1486, à l’âge d’environ 41 ans. Il fréquente la chapelle musicale de Laurent le Magnifique (1449-1492) à Florence.
Début 1483 (environ 38 ans) : "Gossequin Després" revient à Condé-sur-Escault pour réclamer une propriété que lui a légué son oncle Gille Lebloitte.
De 1486 à 1495 ? (41 à 50 ans) : Josquin est chanteur et compositeur à la chapelle vaticane (chapelle Sixtine) sous les pontificats d’Innocent VIII (1432-1492), puis Alexandre VI Borgia.
En 1489 ? (environ 44 ans) : Josquin rentre à Rome et repart en voyage accompagner son cardinal dans ses visites de sièges épiscopaux (Pavie, Crémone, Plaisance, Modène, Pésaro, Saint-Ambroise de Milan).
De 1495 à 1500 : On perd la trace de Josquin. A-t-il fait des séjours à la cour du roi de France Louis XII (1462-1515) ? à Lyon ? à Nancy à la cour du duc René II de Lorraine
(1451-1508) ? Est-il rentré en Flandres pour recruter des chanteurs pour le compte du duc de Ferrare ?
Avril 1503 (environ 58 ans) : Josquin devient le "maestro della capella" du duc de Ferrare Hercule (Ercole) Ier d’Este (90 km au sud-ouest de Venise).
Entre avril 1503 et avril ou mai 1504 : Josquin et de nombreux autres compositeurs accompagnent en Espagne Philippe le Beau, héritier du trône.
En avril 1504 ou début 1505 (environ 60 ans) : Une épidémie de peste incite Josquin à retourner dans sa région d’origine. "Messire Josse Deprés" devient en mai 1504 prévôt de l’église Notre-Dame de Condé (près de Valenciennes, aujourd’hui département du Nord).
27 août 1521 (environ 76 ans) Josquin meurt à Condé-sur-Escaut dans le Hainaut.
Josquin Des Prés (ou Desprez, ou Jodocus Pratensis, ou Jodocus a Prato, ou simplement Josquin), surnommé le « Prince de la musique » par ses contemporains, est le plus éminent représentant de l’école dite « franco-flamande » à la fin du XVe siècle. Génie universel, Josquin occupe une position d’équilibre entre Moyen Âge et Renaissance. « Il possède dans leur plénitude, écrit Jacques Chailley, tous les caractères que l’on attribue à l’une et l’autre époque.(...)
Avant Lassus et Palestrina, Josquin fut considéré comme le plus grand musicien de son temps, et son oeuvre fut largement diffusée, notamment grâce à l’imprimerie naissante. Complètement oublié ensuite, il ne fut redécouvert qu’au XIXe siècle. Maître incontesté du contrepoint, tout en sachant allier à merveille l’émotion et la science architecturale, Josquin des Prés est un précurseur de génie : héritier de tout le XVe siècle, il est le premier grand musicien de la Renaissance. Homme du nord de la France immigré en Italie puis finissant sa vie "au pays", ce musicien réalise un métissage entre un art gothique au caractère mystique et parfois cérébral et un style Renaissance imprégné d’humanisme, de grâce et de clarté.
Auteur de nombreuses messes, motets et chansons, Josquin suscite l’admiration de ses contemporains et ses oeuvres sont copiées dans de nombreux manuscrits. Il y réalise une synthèse admirable des techniques musicales de son temps, développant avec un égal bonheur polyphonie et contrepoint qui sont l’héritage du Nord tandis que son séjour en Italie lui apporte le sens de l’expressivité, de l’émotion et de la clarté mélodique. L’art subtil avec lequel il traduit les textes en musique et l’affirmation progressive d’un sentiment harmonique à travers son oeuvre font de lui un jalon essentiel de la transition entre Moyen Âge et Renaissance.
Josquin ne nous laisse pas moins de trente-deux messes, cinquante et un motets et environ soixante-douze chansons. Mais c’est dans ses messes et ses motets qu’il semble avoir mis le plus pur de son génie.
La Messe Pange Lingua, écrite vers 1515, est une oeuvre charnière entre deux époques. Elle porte encore la marque du Moyen-Age, dans son énergie terrienne et ses rythmes subtils, mais marque le coup d’envoi de la Renaissance humaniste, éprise de naturel, d’équilibre, et surtout de sentiment. La Messe Pange Lingua est certainement la dernière messe que Josquin ait écrite : elle est son le chant du cygne, peut-être sa dernière oeuvre où son génie se concentre en une écriture allant à l’essentiel. Composée pour la Fête-Dieu, cette messe s’inspire et tire son nom de l’hymne Pange Lingua, chantée lors de la procession qui la suit. L’hymne a été écrit par Saint Thomas d’Aquin ; il est par excellence le chant du Jeudi saint, jour de l’Institution de la Cène. Centrée sur la contemplation du corps et du sang du Christ, sous les espèces du pain et du vin, l’hymne s’achève par le "Tantum ergo sacramentum", qui vient en action de grâce et insiste sur la nouveauté radicale de ce sacrement.
La mélodie de cette hymne sert de matériau (ou de ‘sujet’) à la tonalité de l’ordinaire. Chaque pièce de la messe est bâtie sur un même "thème générateur".Cette souple mélodie en mode de mi (écrite sur la gamme mi-fa-sol-la-si-do-ré-mi"), donne le ton, si l’on peut dire. Ce mode ancien, propice à la méditation, nous interpelle, nous oblige - auditeurs du XXIe siècle - à une écoute renouvelée.
Arrivé au sommet de son art, il traite son "thème générateur" avec une totale liberté, en répartit des fragments entre les quatre voix, "les modelant avec une affectueuse négligence... les parant à chaque apparition de quelque ornement imprévu". Dans ce foisonnement sans cesse renouvelé, on est loin de la rigidité jamais totalement absente chez ses prédécesseurs et ses contemporains. L’une des plus belles pages de la messe, "Benedictus", est un duo ténor / basse. Avec seulement deux voix, Josquin crée une parfaite plénitude expressive. Ainsi chaque chanteur peut se délecter pleinement, aucune des quatre voix ne prenant le pas sur les autres et chaque phrase à chanter étant harmonieuse. Et de l’ensemble se dégage une impression générale d’intense ferveur.
Dans cette messe, le principe d’ “imitation continue“ à toutes les voix, seul vrai moyen d’unification de la polyphonie, s’affirme comme une marque essentielle.
http://www.medieval.org/emfaq/cds/hmu1239.htm Ensemble Clément Janequin ; Ens. Organum ; Dir. Pérès (sortie : 30/04/1986)
http://www.cdmail.fr/affich_fich.asp ?refcdm=CDM190832 Ensemble Métamorphoses de Paris ; Dir. Maurice Bourbon (Réédition)
http://www.cpdl.org/wiki/images/a/a1/Missa_pange_lingua.pdf
http://josquinus.site.voila.fr/Vie_Josquin_Desprez.htm
http://homepages.ulb.ac.be/ xhubaut/crngdl/bio/josquin.htm
En anglais :
http://en.wikipedia.org/wiki/Josquin_des_Prez
Texte de la prière Pange Lingua (et traduction) :
http://www.chants-protestants.com/index.php ?option=com_content&task=view&id=393&Itemid=2