La composition musicale et ses contraintes
En composition musicale, il me faut parfois beaucoup de temps pour avoir une idée qui convienne au modèle. Je suis un peu surpris d’être parfois sans imagination ! alors que les cours précédents sur la mélodie ne me posaient que en fait peu de problèmes. J’aurai parfois, en laissant vagabonder mon esprit, des idées, mais qui ne conviendraient pas au modèle de Bach, le menuet en do mineur de la « Suite Française n°2 » . Est- ce normal ? Une étape obligatoire avant de mieux maîtriser l’écriture ? Lire la réponse
En composition musicale, il me faut parfois beaucoup de temps pour avoir une idée qui convienne au modèle. Je suis un peu surpris d’être parfois sans imagination ! alors que les cours précédents sur la mélodie ne me posaient que en fait peu de problèmes. J’aurai parfois, en laissant vagabonder mon esprit, des idées, mais qui ne conviendraient pas au modèle de Bach, le menuet en do mineur de la « Suite Française n°2 » . Est- ce normal ? Une étape obligatoire avant de mieux maîtriser l’écriture ?
D’une certaine manière, on retrouve la même problématique lorsque l’on se trouve confronté aux aléas de la commande musicale : un certain nombre de contraintes proposées par le commanditaire vous oblige à orienter vos idées musicales dans une voie bien déterminée, souvent restrictive. C’est le cas par exemple, lorsque doit écrire une pièce dont la forme musicale est donnée à l’avance ou même tout simplement lorsque l’on doit composer pour un effectif instrumental bien défini. En ce moment par exemple, j’écris une composition pour un quatuor de flûtes. Il me faut éliminer bon nombre d’idées musicales qui ne correspondraient pas à l’image sonore d’un ensemble de flûtes. D’un point de musical, elles me semblaient pourtant dignes d’intérêt mais le timbre particulier d’un quatuor de flûtes ne leur convenait guère, au contraire du piano ou des cordes par exemple pour lesquelles ces idées seraient plutôt destinées. Oui mais voilà, je ne dispose ni du piano, ni des cordes pour cette pièce. Par conséquent, il me faut élaguer non pas seulement en fonction de l’intérêt musical de ces idées mais aussi de leur capacité à être en phase avec cette pièce. Cette élimination est surtout nécessaire au commencement d’un travail car à un certain moment, familiarisé avec les contraintes de la pièce, ne viennent à l’esprit que les idées en adéquation avec les contraintes de la pièce. Stravinsky affirmait que composer c’était résoudre des problèmes. Il faut donc commencer par bien les poser.
Je pense que vous pouvez également procéder ainsi. Dans votre cas, il s’agit d’écrire un menuet. Avez vous bien ancré en vous tout ce qui le caractérise d’un point de vue rythmique, mélodique ou cadentiel ? Il serait bon aussi à ce propos de lire et d’écouter d’autres menuets de Bach [1] afin de bien vous imprégner de la forme musicale de cette danse et peut être vous ouvrir à d’autres solutions. Avec la pratique, il est évident que vous mettrez moins de temps pour vous familiariser avec une nouvelle forme musicale.
Cela dit, lorsque vous parviendrez au niveau IV de notre formation, ces contraintes seront largement assouplies. Vous pourrez prendre beaucoup plus de distance avec l’œuvre de référence. Les dernières compositions que vous aurez à réaliser dans le cadre de nos cours seront des pièces très personnelles et vous pourrez alors laisser vagabonder en toute liberté votre imagination :-)
Notes
[1] Je recommande d’ailleurs à tous les élèves de se procurer la partition des « Suites Françaises » de Bach. Elles vous accompagneront un long moment au niveau III des cours de composition musicale. Du même compositeur, le « Clavier bien tempéré » est une œuvre incontournable.
article publié le samedi 29 décembre 2007 et lu 8092 fois.
Jean-Luc KUCZYNSKI est compositeur et professeur de composition musicale depuis 1988 aux ACM et depuis 1999 à l’école d’écriture et de composition Polyphonies.
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