Le blog de Polyphonies, école à distance d’écriture musicale et de composition.

Lire une partition d’orchestre

Suivre la musique sur une partition d’orchestre est plus aisé qu’on ne pense avant de s’y être essayé. Toutefois, il importe de connaître certaines conventions de présentation qui régissent l’écriture d’une telle partition. Cet article présente les principales indications instrumentales à connaître et leur évolution, pour vous permettre, élèves de Polyphonies, de vous appuyer sur ce mémo, non seulement lorsque vous suivez la partition de l’œuvre que vous écoutez (activité que nous ne conseillerons jamais assez), mais aussi dans vos propres recherches en écriture ou vos travaux d’orchestration.

Présentation de l’orchestre classique et moderne

Les instruments de l’orchestre sont divisés en plusieurs groupes selon leur famille et leur timbre : vents, cuivres, percussions, voix et cordes.

L’orchestre classique de la fin du XVIIIème, à la base de l’orchestre moderne, est généralement ainsi formé :

- Vents : flûtes, hautbois, clarinettes et bassons
- Cors
- Cuivres : trompettes, trombones
- Percussions : timbales
- Cordes : violons I, violons II, altos, violoncelles et contrebasses

Au cours du XIXème siècle, l’ajout d’un plus grand nombre de cuivres dans l’orchestre a nécessité un rééquilibrage des autres groupes instrumentaux. Les pupitres de cordes et de vents ont du être sensiblement étoffés (lorsqu’un cuivre joue un passage fortissimo, il faut quatre instruments à vents à la même intensité pour obtenir un équilibre sonore !). L’éventail sonore de l’orchestre s’élargit donc dans chaque famille d’instruments, jusqu’à constituer l’effectif orchestral moderne :

Vents :
- petite flûte (ou piccolo), flûte grave en sol
- cor anglais, hautbois d’amour, hautbois baryton
- petite clarinette, clarinette basse, clarinette contrebasse
- contrebasson

saxophones et saxhorns :
- saxophones sopranino, soprano, alto, ténor, baryton, basse et contrebasse
- saxhorns : bugles, alto, baryton et basse. A noter que le tuba est un saxhorn basse

cuivres :
- cornets à pistons,
- trombones piccolo, soprano, alto, (ténor), basse et contrebasse
- tuba basse et contrebasse

claviers : piano, clavecin, orgue

divers : harpe, guitare, luth

Disposition instrumentale sur une partition d’orchestre

La partition d’orchestre est appelée également le "conducteur". Sa première raison d’être est de permettre au chef d’orchestre de contrôler toutes les parties instrumentales sur un seul document. Au fil des siècles en Europe, une disposition type du conducteur s’est peu à peu imposée. Ce qui a nécessité la mise en place de conventions permettant une lecture aisée, quelques soient l’édition et le pays d’origine de l’ouvrage.

Sur le conducteur, les parties instrumentales sont constituées en groupes disposés de haut en bas de la manière suivante :
- vents : flûtes, hautbois, clarinettes, bassons.
- Cors (ce groupe intermédiaire relie les sonorités des vents et des cuivres)
- Cuivres : trompettes, trombones, tuba
- Percussions
- Claviers
- Voix
- Cordes : violons I, violons II, altos, violoncelles et contrebasses

Au sein d’un même groupe, les instruments sont également placés de l’aigu en haut au grave en bas.

S’il est nécessaire d’incorporer un instrument à l’orchestre, celui-ci sera placé dans son groupe et de sa famille en fonction de sa tessiture. Ainsi un cor anglais sera situé sous le hautbois, la clarinette basse sous la clarinette et le piccolo au-dessus de la flûte.

Disposition instrumentale en musique contemporaine

En musique contemporaine, la disposition est beaucoup plus libre. Les ensembles instrumentaux peuvent présenter de multiples combinaisons. Les groupes peuvent être conçus par le compositeur selon des nécessités musicales. Bien entendu, la disposition traditionnelle est aussi utilisée par un grand nombre de compositeurs.

Nom des instruments

Sur le conducteur, les noms de chaque instrument apparaissent en tête des parties instrumentales. Les partitions d’orchestre pouvant être éditées dans différentes langues, les noms des instruments de l’orchestre ne sont pas nécessairement en français. Par exemple, les partitions de Mahler sont rédigées en allemand, celles de Mozart le sont généralement en italien. C’est le cas par exemple de la symphonie n°31 qui nous sert d’illustration ci-dessous.

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Mozart Symphonie n°31

Exemple de partition d’orchestre : Mozart Symphonies n°31

L’effectif instrumental de la symphonie n°31 de Mozart correspond tout à fait à l’orchestre classique :
- 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons,
- 2 cors
- 2 trompettes
- Violons I, violons II, altos, violoncelles et contrebasses. La contrebasse double à l’octave inférieure le violoncelle ici.


Traduction des noms des instruments de l’orchestre

Voici la traduction des noms d’instruments dans les quatre langues les plus utilisées.

FrançaisItalienAllemandAnglais
Petite flûtepiccoloKleine Flötepiccolo
FlûteflautoFlöteflute
HautboisoboeHoboeoboe
ClarinetteclarinettoKlarinetteclarinet
Clarinette basseclarinetto bassoBassklarinettebass clarinet
Bassonfagottofagottbassoon
Cor anglais corno inglese englisches Hornenglish horn
Contrebasson controfagotto Kontrafagott double bassoon (contrabassoon)
CorcornoHorn(french) horn
SaxophonesassofonoSaxophonsaxophone
TrompettetrombaTrompetetrumpet
TrombonetrombonePausaune trombone
TubatubaBasstubatuba
HarpearpaHarfeharp
PianopianoforteKlavierpiano
OrgueorganoOrgelorgan
ViolonviolinoViolineviolin
AltoviolaBratscheviola
VioloncellecelloVioloncellocello
ContrebassevioloneKontrabassdouble bass

Traduction des noms des voix du choeur

FrançaisItalienAllemandAnglais
SopranosopranoSopransoprano
Contralto(alto)contraltoAltalto
TénortenoreTenortenor
BassebassoBassbass

Traduction des noms des principaux instruments à

percussions de l’orchestre

Français Italien Allemand Anglais
Bongos bongos bongos bongos
Caisse claire rullante kleine Trommel snare drum
Castagnettes nachere Kastagnetten castanet
Célesta celesta Celesta celesta
Cencerro campanaccio Cowbell cowbell
Conga conga Conga conga
Claves claves Claves claves
Cloches tubulaires campane tubolari Röhrenglocken tubular bells
Cymbale piatto Becken cymbal
Glockenspiel glockenspiel Lyra glockenspiel
Gong gong Gong gong
Grosse caissegrancassagroße Trommelbass drum
MaracasmaracasMaracasMaraca
Marimba marimba Marimbaphon marimba
Tam-tam tam tam Tamtam chau gong
Tambour tamburo Trommel drum
Tambourin tamburello Tamburin tambourine
Timbales timpani Pauke timpani
Tom tom-tom Tom Tom tom-tom drum
Triangle triangolo Triangel triangle
Vibraphone vibrafono Vibraphon vibraphone
Wood-block wood-block Holzblock wood block
Xylophone xilofono Xylofon xylophone

Instruments transpositeurs

La symphonie n°31 de Mozart est en ré majeur. Pour chaque partie instrumentale, nous devrions donc trouver deux # à la clé. Or, si l’on observe les parties instrumentales sur la partition, on peut constater que les clarinettes ont un bémol à la clé alors que les cors, les trompettes et les timbales ne présentent aucune altération. Pour la partie de timbales, la raison est très simple. Cet instrument ne joue que deux notes dans ce mouvement, la et ré. Les altérations seraient donc inutiles. Le bémol à la clé devant la partie de clarinette signifie qu’elle est écrite en fa majeur. Il s’agit en effet d’un instrument transpositeur. Vous observerez d’ailleurs que sur la partition, l’instrument est nommé « clarinette en la ». Le principe est celui-ci : les instruments non-transpositeurs sont en do. Lorsqu’un do est écrit sur la partition, ils jouent cette note et l’on entend un do. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Avec les instruments transpositeurs, c’est un peu différent. Lorsqu’une clarinette en la joue la note do sur sa partition, le son produit est un la, une tierce mineure au-dessous. Le compositeur doit donc transposer la partie de clarinette une tierce mineure au-dessus pour obtenir les notes qui conviennent. C’est ce qu’à fait Mozart ici. La symphonie est en ré majeur, il a donc écrit la partie de clarinette en la à la tierce mineure supérieure, c’est-à-dire en fa majeur. Lorsqu’on déchiffre la partie de clarinette en la, il faut donc transposer mentalement toutes les notes à la tierce mineure inférieure. Sur la partition, les deux premières notes de clarinette sont do et la. Les sons produits seront donc la et fa#.

Dans cette même symphonie, Mozart à choisi un cor et une trompette en ré. A cette époque, les cuivres se déclinaient en effet dans de nombreuses tonalités. Ces instruments en ré jouent donc une seconde majeure au-dessus d’un instrument en do. Mozart a donc transposé leur partie à la seconde majeure inférieure. Ils sont écrits en do majeur. Lorsqu’on déchiffre la partie de cor ou de trompette en ré, il faut donc transposer toutes les notes à la seconde majeure supérieure. Sur la partition, les deux premières notes de trompette et de cor sont do. Les notes que l’on entendra seront donc ré. Cors et trompettes jouent à l’unisson ici.

Un autre instrument transpositeur est présent à l’orchestre ici. Il s’agit de la contrebasse. Cet instrument qui descend particulièrement bas est écrit en effet à l’octave supérieure. Il faut donc transposer les notes écrites de contrebasses à l‘octave inférieure pour obtenir le son réellement émis.

Avec un peu d’habitude, vous vous y retrouverez facilement avec ces instruments. A noter que beaucoup de partitions modernes et contemporaines sont écrites en do, avec des sons réels.

Quelques liens utiles

J’espère que cet article vous aidera à goûter les plaisirs de l’orchestre. en complément, voici quelques liens qui vous permettront d’en découvrir plus sur les partions d’orchestre.

Sur le site de l’encyclopédie en ligne Wikipédia, vous découvrirez plus de détails, avec quelques photos ou des extraits sonores :
- Orchestre

- Chef d’orchestre

- Partie :

- Instruments de percussion

- Sites qui proposent des partitions d’orchestre gratuites et libres de droits :
- L’incontournable IMSLP pour les étudiants de Polyphonies
- lespartitions.info

    Jean-Luc KUCZYNSKI
    Jean-Luc KUCZYNSKI est compositeur et professeur de composition musicale depuis 1988 aux ACM et depuis 1999 à l’école d’écriture et de composition Polyphonies.
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