Cet été, nous sommes allés à la rencontre de Danièle Hecquet, musicienne polyintrumentiste et enseignante, fondatrice de l’école de musique de Sermaises, dans le Loiret, région où elle vit et développe la vie musicale locale avec bonheur. Nous en avons profité pour lui poser quelques questions sur son parcours et ses multiples activités locales de musicienne... Lire l’article
Parlons d’abord de Danièle Hecquet, artiste : votre petite enfance a baigné dans la musique symphonique.... privilège ou épée de Damoclès : comment le viviez-vous à cet âge-là ?
Comme un réel bonheur ! J’assistais aux répétitions et concerts de l’orchestre symphonique d’Etampes dans lequel jouaient mes parents, tous deux violonistes, mon père était soliste. Lorsqu’il rentrait du travail (il n’a pas pu hélas faire une carrière à cause de la guerre…), je restais sans bouger à l’écouter jouer, tout en rêvant déjà de jouer…du piano J. Ma mère me donnait des notions de solfège sous forme de jeux. Je chantais avant de parler, vers 1 an ½.
Vos études sont impressionnantes : vous avez étudié le violon au Conservatoire de Villeneuve-le-Roi, la guitare en autodidacte, le piano avec Christopher BECKETT, le chant et la flûte à bec au conservatoire d’Orléans, sans parler du solfège, du déchiffrage, harmonie et contrepoint... quelle a été votre principale motivation dans ces années de jeunesse, et comment s’est déroulé cet exigent apprentissage ?
Oui, je me suis vite rendue compte à l’adolescence que j’allais consacrer ma vie à la musique. J’ai décider d’apprendre, toujours et encore… Cela n’a pas été toujours facile avec deux enfants à élever un peu plus tard, mais je n’ai pas baissé les bras. J’avais commencé l’étude du violon à 6 ans, puis au fur et à mesure, le reste… A 12 ans, j’écrivais des dictées musicales à quatre voix, j’étudiais l’harmonie, et lisais dans 5 des 7 clés. Plus tard, pour le concours d’entrée en classe de préparation au Certificat d’Aptitude de Formation Musicale, il fallait avoir un niveau de piano d’environ 10 années… OOPS ! Je jouais du violon (rires)… J’ai donc travaillé, travaillé, travaillé dur dur pendant deux ans, avec Christopher et j’ai réussi à être admise au Conservatoire d’Evry dirigé par monsieur François BOUSCH, compositeur.
Vous avez aussi travaillé avec Billy EIDI ; comment s’est passée cette collaboration ?
Mes cours avec Billy m’ont beaucoup appris aussi et fait progresser rapidement. Il m’a appris à tout écouter, à travailler lentement, et c’est plutôt bon pour le cerveau ! J’ai eu une très grande chance d’avoir ces deux grands pianistes comme professeurs.
Votre meilleur souvenir d’interprète ?
Avant l’un de mes concerts, un ami m’a dit : « tu sais Danièle, je viens vraiment pour te faire plaisir, car la musique ce n’est pas mon truc, surtout le classique, et je n’aime pas le piano ! » J’ai apprécié sa présence avec tous les efforts que cela lui demandait !!! A la fin du récital, il est revenu me voir très ému, en me disant qu’il ne savait pas que la musique classique c’était « ça », et que le piano joué comme je l’avais fait, il aimait beaucoup ! Cela a été pour moi un grand moment.
Que pensez-vous de la carrière d’un musicien ? Comment avez-vous concilié passion et nécessité ? famille et musique ?
C’est une carrière formidable ! Quelle joie de tous les jours !!! Cette carrière/passion n’est pas toujours facile à gérer, car le tempérament artiste ne colle pas forcément avec la réalité des choses…Quant à la vie de famille, pas facile à cause des horaires et contraintes diverses…
Votre activité d’interprète est doublée de celle d’une enseignante, puisqu’après avoir enseigné vous-même en conservatoire, vous avez fondé votre propre école de musique à Sermaises (45). Pouvez-vous nous expliquer votre démarche ?
Au risque de choquer certaines personnes, je préfère de loin l’enseignement « à la carte ». Je me suis rendue compte rapidement que tous les élèves d’une même classe n’avaient pas la même rapidité de progression et que, par conséquent, les examens de passage de fin d’année pouvaient être très pénalisants. Au contraire, les auditions d’élèves régulières demandent le même travail, mais dans la joie de partager le morceau de musique appris en faisant un mini concert devant les parents et professeurs et non pas devant un jury. C’est d’ailleurs pareil pour la formation musicale où je préfère les évaluations trimestrielles. C’est pourquoi j’ai quitté mon poste en conservatoire pour créer ma petite école de musique.
Vous avez aussi créé une association « Vie Musicale Sarmate » et organisez des concerts, conférences, des sorties musicales, pour SERMAISES et ses communes proches : que vous apporte cette importante implication dans la vie associative locale ?
J’ai effectivement créé une association, toujours par passion et amour de mon art que j’ai voulu partager. Je me suis beaucoup investie dans cette activité de 2004 à 2009, mais devant un surcroît de travail, j’ai dû laisser ma place de Présidente cette année à un ami qui prend ce rôle très au sérieux et qui assure la continuité. Je reste conseillère musicale au Bureau. J’ai créé parallèlement un groupe vocal de 8 personnes « Les Notes Qui Sèment » : 2 soprani, 2 alti, 2 ténors et 2 basses, pour mettre en valeur notre région, la Beauce. J’ai pour cela harmonisé les chants et créé la musique sur des poèmes existants. Ce groupe n’est pas folklorique. Nous avons un concert le 13 septembre.
Et l’écriture musicale dans tout ça ? quelle place occupe-t-elle dans votre vie ? qu’en attendez-vous ?
L’écriture musicale est un très ancien rêve que je peux enfin réaliser ! J’ai une oreille polyphonique depuis toute petite, formée entre autre choses par les œuvres symphoniques de Beethoven ou Mozart, où mes parents m’éduquaient à entendre tantôt le hautbois, ou le violoncelle, le cor etc… Ce qui fait que je n’entends jamais une mélodie sans entendre en même temps l’accompagnement et l’harmonie. Et si la mélodie est jouée seule, je restitue naturellement les harmonies dans ma tête. C’est une autre grande chance.
J’ai été déroutée au début par les cours de Jean-Luc, car je n’avais pas du tout appris de cette manière. Peut-être est-ce plus facile pour ceux qui débutent directement avec lui… ? Mais je m’accroche et je vais y arriver, même si j’ai très peu de temps. C’est un très bon professeur et vraiment un grand plaisir pour moi. J’aimerais pouvoir composer de très belles choses (rires).
Vers quoi tendez-vous aujourd’hui ? Des projets ? Des recherches ?
Un grand projet de concert avec la chorale « Chœur et Harmonies » que j’ai créée en janvier 1992, et des choristes d’autres chorales des environs (55 personnes en tout), avec le groupe Chilien « LOS CALCHAKIS ». Ce concert prévu le 30 janvier prochain est annoncé sur leur site. Ce sera pour nous et notre ville, un grand moment.
J’ai pour le moment arrêté les récitals de piano, car ma santé ne me permettait pas un tel investissement. Le travail est énorme. Je ne désespère pas de m’y remettre… Par contre, je viens d’effectuer un stage de Kora à l’abbaye d’Oriocourt. C’est un instrument magnifique que j’ai découvert grâce aux moines de Solesmes, qui ont créé un monastère à Keur Moussa au Sénégal, et l’ont perfectionné. J’ai l’intention d’ouvrir une classe de kora à la prochaine rentrée.
Voici l’adresse du site de Danièle : http://daniele-hecquet.com
L’adresse du blog de l’école de musique de Sermaise : http://ecolemusique.blog4ever.com